Le 13 février, déclaré Journée mondiale de la radio par l’UNESCO en 2011 et reconnu par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2012, n’est pas qu’une date symbolique. Pour nous, journalistes engagés dans les territoires ruraux africains, c’est un rappel puissant : la radio reste l’outil de communication le plus accessible, le plus proche, et souvent le plus crédible auprès des communautés agricoles.
📻 La radio au cœur du développement rural
En tant que journaliste ayant sillonné des régions reculées de la RDC et d’autres pays d’Afrique centrale, je peux affirmer avec conviction que la radio est un pilier invisible mais vital du développement agricole. Dans ces zones où les routes sont en mauvais état, où l’électricité est rare, et où l’accès à l’internet est encore un luxe, la radio est souvent le seul lien entre les agriculteurs et le monde.
Elle informe sur les maladies des cultures, les prévisions météo, les opportunités de marché, les bonnes pratiques de compostage ou de lutte biologique. Elle sauve des récoltes, et parfois même des vies.
👥 Une radio de proximité, construite avec les communautés
Une citation m’a toujours marqué, celle de Sylvia Biraahwa, qui a coordonné les programmes agricoles à Radio Ouganda dans les années 1990 :
« La radio rurale est un processus interactif. Elle est l’expression de la communauté, pas seulement un outil pour elle. »
Cela résume tout. Une radio efficace n’est pas une simple source de diffusion descendante. Elle écoute, elle questionne, elle invite les producteurs à parler, à débattre, à réagir. Des clubs d’auditeurs, des débats communautaires, des émissions sur le terrain : ce sont des pratiques que j’ai vues transformer des villages.
🧱 Des défis importants à relever
Mais soyons clairs : la radio rurale ne fonctionne pas toute seule. Elle a besoin de moyens. Voici quelques obstacles que j’ai pu constater sur le terrain :
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Manque de financement durable pour les radios communautaires.
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Faible formation des animateurs en communication ou en techniques agricoles.
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Barrière linguistique : les messages doivent être traduits dans plusieurs langues locales, avec finesse.
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Distance entre chercheurs, vulgarisateurs et agriculteurs : trop souvent, chacun travaille en silo.
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Langage technique inaccessible : traduire la science en langage quotidien est un métier.
Et pourtant, malgré ces contraintes, des résultats extraordinaires émergent quand les radios rurales sont bien accompagnées.
🌾 Un rôle irremplaçable dans l’agriculture africaine
La radio rurale permet :
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De valoriser les savoirs locaux et les innovations paysannes ;
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De traduire les résultats de la recherche dans un langage utile ;
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De créer des ponts entre ONG, agriculteurs, chercheurs et décideurs ;
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De renforcer l’autonomie des communautés rurales face aux enjeux climatiques, sanitaires ou économiques.
📌 Conclusion
En Afrique, la radio n’est pas un média du passé. Elle est une promesse d’avenir, surtout pour l’agriculture et les territoires oubliés. Mais cette promesse ne se réalise que si l’on forme, si l’on finance, et si l’on respecte la parole des paysans.
En tant que journaliste, je continuerai à porter cette voix.
Car tant que la radio vivra dans les campagnes, l’Afrique rurale ne sera jamais seule.
Je vous recommande de regardez mon reportage : ” La radio communautaire de Masia-Mbo : un outil de développement au cœur de la province de Mai-Ndombe”