“Des corps en décomposition jonchent les rues, risquant de provoquer une crise sanitaire”
La prise de contrôle de Walikale par les rebelles du M23 lors d’une offensive menée le week-end dernier a plongé cette commune rurale du Nord-Kivu dans une crise humanitaire alarmante. Plusieurs jours après les combats, des cadavres de militaires et de civils gisaient encore dans les quartiers, exposant la population à de graves risques sanitaires. Face à cette situation, les équipes de la Croix-Rouge de la RDC se mobilisent dans une course contre la montre pour procéder aux inhumations, malgré des conditions sécuritaires encore précaires.
Une ville fantôme, des rues macabres
Dans le quartier Camp TP, près de l’aérodrome de Kigoma, un habitant témoigne sous anonymat : “J’ai compté plus de 30 corps abandonnés, certains en décomposition avancée. L’odeur est insupportable.” Ces scènes de désolation, répétées dans plusieurs zones de Walikale, illustrent l’ampleur du drame. Les humanitaires redoutent l’apparition de maladies, notamment liées à la contamination de l’eau ou à la propagation d’épidémies.
La Croix-Rouge débordée
Malgré une équipe réduite et des moyens limités, les agents de la Croix-Rouge s’activent sans relâche pour enterrer les dépouilles. “Nous travaillons dans des conditions extrêmes. Certains corps sont dans un état tel que leur manipulation devient dangereuse”, confie un cadre de l’organisation, qui préfère garder l’anonymat par prudence. Si le bilan exact des inhumations reste inconnu en raison de l’insécurité persistante, les humanitaires parcourent méthodiquement les quartiers pour identifier et sécuriser les restes humains.
Un calme fragile, une population traumatisée
Alors que le M23 consolide son emprise sur Walikale, les habitants restés sur place décrivent une atmosphère de peur. “Beaucoup ont fui, mais ceux qui sont restés n’osent pas sortir. Les rues sont silencieuses, sauf quand passent les humanitaires”, raconte un autre résident. La Croix-Rouge, l’une des rares organisations présentes, tente également d’apporter un soutien psychologique aux survivants, souvent témoins de scènes traumatisantes.
Appel à l’aide internationale
En l’absence d’autres acteurs humanitaires massivement déployés, la Croix-Rouge lance un cri d’alarme : “Nous avons besoin de renforts et de matériel pour éviter une catastrophe sanitaire”, insiste notre source. Les autorités provinciales, sollicitées, n’ont pas encore réagi publiquement.
Dans cette commune meurtrie, chaque heure compte. Alors que les inhumations se poursuivent, la communauté internationale est interpellée : Walikale ne doit pas devenir un autre symbole de l’oubli.